Bien qu’ayant reçu Madeleine comme prénom, j’ai été appelée Mady jusqu’à 30 ans. C’est au cours d’un stage de massage indien que le changement s’est produit : mon visage, parait-il, était devenu très différent dans la partie droite et sa partie gauche, alors que nous parlions des effets des « doubles prénoms » : j’ai senti que j’étais touchée, prête à porter le ‘vrai grand prénom’ qui m’avait été donné à la naissance … même si les faire-part avaient annoncé Mady.
Ce changement de prénom a ouvert en moi un nouveau potentiel.
L’Afrique et l’avenue de Tervuren
Quelques années dans la brousse africaine puis au 5e étage de l’immeuble paternel face aux étangs, à travers ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, le danger, le caché … ce qui m’intéresse est ce qui ne se voit pas, le langage secret des choses, qui parle entre les lignes et donne à la vie sa dimension inconnue, infinie …
Waulsort-sur-Meuse
Adorable petit village où la famille s’installe … à 200 m du fleuve, à 200 m des bois, dans une maison qui aurait plût à Mary Poppins, à flanc de coteaux dans 1 hectare de jardin. Assise sur le rebord de la fenêtre ouverte, la nuit, j’écoute la rumeur de la Meuse qui traverse les jeux d’ombre et les reflets de la nature.
L’école à Dinant, les trajets dans la petite micheline, ou plus tard à vélo pour le plaisir de voir les rochers de Freyr dans les brumes matinales, et savourer ma solitude en longeant le fleuve, complice magique.
La photographie …
Papa nous fait souvent poser devant son objectif : je déteste devoir « poser » devant cet oeil intrusif !
La photographie en elle-même par contre m’intrigue et m’attire : je demande mon premier appareil photo pour mon anniversaire, puis j’économise pour pouvoir imprimer mes négatifs dans ma chambre occultée.
Peu avant mes 18 ans je pars – grâce au Rotary Club de Dinant – comme étudiante d’échange pour un an à Yakima, dans le nord ouest des Etats-Unis, où j’ai le plaisir de pouvoir m’inscrire à un 1er cours de photographie, et de photographier ‘comme je sens’.
Ma démarche sera de laisser le sujet advenir : ne rien modifier, attendre et ressentir ce qui cherche à se libérer, à être dit, capturé, montré, révélé …sans le dénaturer, sans volonté, en accueillant l’émoi de la vibration visuelle présente. Par loyauté. Même si la photo semble vide ou ne rien montrer de particulier ou, au contraire, semble tout à fait bizarre. Certaines photos ont nécessité une semaine d’approches quotidiennes, selon les conditions de lumière, …d’autres quelques minutes ou même quelques secondes, au détour d’un chemin alors que rien n’était attendu, recherché, prévisible.
… et le journalisme
Par passion pour l’écriture et la photographie je fais une licence en journalisme à l’IHECS, à Tournai.
Mémoire technique en photographie : London by Pubs une visite de Londres à travers l’atmosphère particulière de ses Pubs, la nuit. Mémoire théorique sur La Presse Féminine et Féministe en Belgique Francophone. Ensuite … premiers jobs dans la presse associative, sociale et culturelle, à Bruxelles.
Le massage
J’ai commencé le massage en 1983 suite au décès de ma mère, Nèle Depage, réalisant en choc l’impuissance et l’aveuglement face à la maladie. Ecrans et textes me paraissent inutiles : je veux comprendre l e p r o c e s s u s d e v i e et d e m o r t dans l’être humain. Je repars à Londres pour une première formation en Health Care Massage. Sur la malle du retour, j’emporte ma table de massage, enthousiaste …pourtant, quand je masse, trop de questions restent encore sans réponse : j’ai besoin d’aller plus en profondeur, en précision, dans une démarche aussi intuitive … que scientifique.
L’Ashtanga Yoga …
Quelques années plus tard, le ciel m’exauce : une formation en Massages Psycho-Energétiques puis en Ashtanga Yoga (avec JC Garnier) et il se fait que, en parallèle, je commence des études de kinésithérapie en cours du soir à l’Institut Libre de Bruxelles – Charles Hubert Strainchamps, une petite école dont le point fort est justement la pratique du massage…
Premier voyage en Inde, à Mysore où l’enseignement de Guruji, Shri K. Pattabhi Jois, insuffle une dimension nouvelle à ma pratique, et me donne l’envie d’y réaliser mon Mémoire en 1992 : Yoga Korunta et Kinésithérapie (l’Ashtanga Yoga s’appelait à l’origine Yoga Korunta).
Au fil de ces quelques années, il m’apparait clairement que l’Ashtanga Yoga et la Kinésithérapie ont une grande base commune, que je creuse et que j’analyse encore et encore. Des aspects thérapeutiques insoupçonnés se révèlent, ainsi que des manques, de part et d’autre. Quasi tous les jours pendant plusieurs années, ces aspects m’apparaissent que ce soit dans ma pratique de yoga où à mes cours de Kiné. Chaque situation éclaire un aspect sur le Yoga, sur l’être humain, sur moi-même, sur cette profession hybride ou multiple – en lien direct avec le Vivant – sur laquelle ma vie progressivement se centre.
… et le centre de kinésithérapie
Après quelques années dans différents Centres et cabinets de kinésithérapie, le moment vient de créer un espace personnel à mon image : par coïncidence, celui-ci se présente avenue Henri Jaspar 89 … à quelques centaines de mètres de mon travail, à quelques dizaines de mètres de mon domicile et surtout … à quelques mètres de la Clinique Antoine Depage, créée par mon grand-père Henri Depage en hommage à son père. L’émotion est forte, surtout en lisant la biographie d’Antoine, écrite par Henri.
Deux amis et collègues se joignent à mon projet. Au bel étage, trois cabinets kiné et, à l’entresol, un Espace – Mise en forme pour le Yoga, la gymnastique douce et le massage bien-être.
Je vis à du 200 à l’heure : c’est pour moi le bonheur parfait !
Maternité et vie nouvelle : naissance et renaissance…
Voir la vie à travers les yeux et l’évolution d’un enfant porte ses fruits, et m’amène à remettre en question la vie sur les chapeaux de roues que j’ai vécue jusqu’alors. Est-ce une une jachère ou … une chrysalide ? ma vie se transforme malgré moi en retour aux sources, en une conscience qui s’éveille, vivante et intuitive. Ma pratique de Yoga se transforme elle-aussi : mon corps ne veut plus payer les coûts qui lui sont imposés et il me guide vers une nouvelle manière de bouger, de pratiquer, de guider mes élèves et mes patients : un mouvement sans facture corporelle se dessine et s’installe.
Le trampoline bellicon® : magicien de l’équilibre
En 2016 la découverte du mini-trampoline à toile souple bellicon® me transporte instantanément dans le plaisir de la liberté de mouvement, une sensation du jeu dans la joie de l’enfance, l’adaptation à l’instabilité et le lâcher prise, grâce à une particularité: la réponse fine de la toile au processus de gravité.
Seul matériel que j’ai jamais acheté dans ma profession, le bellicon® m’a séduite car il réunit toutes les conditions d’une pratique préventive, dans l’écoute du corps et le lâcher-prise du mental.
Yoga, Mantra et Conscience
Bien que j’aie entendu et récité en groupe des mantra tout au long des formations que j’ai suivies depuis 1988, je n’en récitais pas par moi-même ni à mes élèves avant de rencontrer Shantala Shriramaiah. Depuis son enseignement dans la tradition Veda – en one to one, en groupe, et depuis 2020 en ligne – la vibration des mantra est devenue une transmission par une Présence qui éveille le coeur et la conscience.